Tennis | Al-Khelaïfi : Ça Nasser à rien de courir si tu ne marques aucun point

Mathieu Dunas

Mathieu Dunas

Copywriter Rédacteur Freelance

Vous connaissez Nasser Al-Khelaïfi comme le président du PSG, fournisseur officiel de loses en Ligue des Champions. Mais savez-vous qu’il a personnellement marqué de son empreinte l’histoire de la Coupe Davis, réalisant le match parfait lors de l’édition 1999 ? Retour sur un moment de grâce pour le tennis qatari.

Al-Khelaïfi, pro(phète) en son pays

Si vous vous demandez pourquoi Nasser Al-Khelaïfi n’arrive pas à faire tourner un club de football, c’est tout simplement parce que lui, son truc, c’est la petite balle jaune. Mettez-lui Tsitsipas sur l’aile et Djokovic en sentinelle et vous verrez s’il sort en huitièmes de finale de la Ligue des Champions le mec. C’est d’ailleurs grâce au tennis qu’il rencontre Tamim Ben Hamad Al Thani, émir du Qatar depuis 2013 qui lui filera plus tard la présidence du PSG pour les résultats qu’on connaît. Mais commençons par le commencement.

Né un 12 novembre, Nasser Al-Khelaïfi grandit au Qatar, dans un pays qui n’a pas encore affiché son penchant pour le sport. Alors, le jeune Nasser décide de se mettre au tennis et vu la concurrence à l’époque, il est rapidement vu comme un futur talent. Faut dire qu’à Doha dans les années 80, il y a à peu près autant de joueurs de tennis que de travailleurs affiliés à la sécurité sociale sur les chantiers de la Coupe du Monde 2022. La preuve, la Fédération de tennis du Qatar ne voit le jour qu’en 1984. Encore une prémonition de George Orwell.

S’il est aujourd’hui le président de cette même fédération (mais aussi de celle de squash et de badminton), Nasser Al-Khelaïfi a tout de même eu une carrière de joueur professionnel entre temps. On préfère vous le dire tout de suite, ça casse pas trois pattes à un Qatar. Malgré tout, en 11 ans de carrière, il aura réussi à entrer dans le cercle fermé des amateurs de bagels si cher à notre porte-étendard Thierry Champion.

Privé d’un retour à vélo par le n°2 mondial

Pour trouver trace des matchs ATP du président du Paris Saint-Germain, il faut soit être une Bible du tennis, soit avoir un double des clés des archives secrètes du Vatican. Nasser Al-Khelaïfi, ce sont ses adversaires qui en parlent le mieux. Et plus particulièrement Gilles Elseneer, 97ème mondial à son apogée, l’un des fleurons du tennis belge à l’époque (tout est relatif) :

« Je me souviens l’avoir battu facilement, en deux petits sets. Pour être franc, je dois avouer qu’il ne m’a pas vraiment marqué. » Gilles Elseneer. Rapide, efficace.

En effet, on ne verra Al-Khelaïfi que deux fois dans le tableau principal d’un tournoi ATP. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va soigner sa première apparition. Bénéficiant d’une wild-card lors de l’ATP 250 de Sankt Pölten en 1996, le tirage au sort lui offre Thomas Muster, alors n°2 mondial et double tenant du titre. À cette période-là, le natif de Doha est non classé. La boucherie est inévitable et elle aura bien lieu. On prend la direction d’un retour à vélo pour Al-Khelaïfi, mais à 6-0 5-0, Muster se sent obligé d’offrir un jeu à son adversaire en jouant comme un 30/4 qui prend des cours depuis un an et demi. Une image vaut mille maux mots.

Mais l’Autrichien n’a fait que repousser l’inéluctable pour le rendre encore plus savoureux.

Un apogée lors la Coupe Davis 1999

Présent dans les groupes 2 et 3 (équivalent de la 2e et 3e division) de la Coupe Davis, le Qatar n’est pas franchement un épouvantail de la compétition. Aux prises avec Taiwan, l’Indonésie, le Sri Lanka ou encore les Philippines dans la zone Asie-Océanie, c’est dans cette compétition que Nasser Al-Khelaïfi dispute le plus de matchs officiels dans sa carrière. Après un premier tour géré d’une main de maître face à l’Indonésie (défaite 5-0) lors de l’édition 1999, le Qatar joue sa survie dans le Groupe 2 dans un barrage face à Taiwan.

Comme pour rappeler de mauvais souvenirs à Nasser, la rencontre se joue sur terre battue, comme à Sankt Pölten. Les vieux démons sont prêts à refaire surface. Le voilà opposé au redoutable Lin Bing-chao, classé aux alentours de la 400ème place mondiale. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va avoir du mal à rentrer dans le match. Il ne va même pas y rentrer du tout d’ailleurs. 6-0 au premier set, 6-0 au deuxième. Et cette fois-ci, il n’y aura aucune âme charitable pour lui filer un jeu : 6-0 au troisième. Nasser Al-Khelaïfi devient le 12ème joueur de l’ère ATP à prendre un triple bagel, posant ainsi les premières pierres de sa légende. Le manque de stats officielles nous prive sans doute d’une feuille de match venue d’un autre monde.

Une édition grandiose à double titre puisque la France perd la finale à domicile face à l’Australie de Leyton Hewitt 3-2 sur la terre battue niçoise. Des courts que Nasser Al-Khelaïfi foulera d’ailleurs quelques mois plus tard puisqu’il va prendre sa licence au Tennis Club Nice Giordan, avec lequel il a participé à des compétitions par équipe. En France, il est reclassé 2/6, un classement qui semble plus en adéquation avec ses performances.

Franchement, quand on a pris trois fois 6-0 dans le même match, c’est déjà un progrès de ne perdre que 6-1 contre le Barça, non ? Pourquoi toujours voir les choses de manière négatives ?

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