Lindsey Jacobellis – JO 2006 : Un « grab » sans les pinces d’or

Mathieu Dunas

Mathieu Dunas

Copywriter Rédacteur Freelance

Toute nouvelle discipline olympique aux JO de Turin en 2006, le boardercross a rapidement dû faire ses preuves pour montrer qu’il était digne des valeurs prônées par notre Fédération. Pour frapper fort d’entrée, Lindsey Jacobellis, championne du monde en titre et grande favorite de l’épreuve, nous a laissé croire à une finale insipide et jouée d’avance jusqu’à l’avant-dernière bosse. Avant de sortir le grand jeu.

Au départ de cette première finale olympique, tous les yeux sont donc rivés vers Lindsey Jacobellis, jeune américaine de 20 ans et tête de proue de la discipline, qui vient de remporter le championnat du monde un an plus tôt et qui a dominé haut la main les demi-finales. Côté français, on peut regarder la course pépère avec le sentiment du devoir accompli : nos quatre protagonistes n’ont pas dépassé les quarts et deux d’entre elles ont goûté à la fameuse glace à l’italienne lors des manches de qualifications.

Le doublé canadien pour bien lancer la finale

Sur la ligne de départ, celle qu’on surnomme « Lucky » est accompagnée par les deux canadiennes Maëlle Ricker et Dominique Maltais ainsi que la Suissesse Tanja Frieden. Les barrières se baissent et la course peut se lancer. Une fois passée la déception de ne voir aucune chute lors des premiers mètres (mais si vous kiffez ça, il y en a juste là), on a vite été gâtés. Dans le rôle de la figurante qui clamse dès le début du film, je demande Maëlle Ricker. Après 25 secondes de course, la bosse du quatrième virage sera fatale à la canadienne qui nous gratifie d’un vol plané à faire pâlir les plus belles vidéos des Zaps de Spi0n.

Ce que l’on ne sait pas encore, c’est que nos amis de la Fédération Canadienne de la Lose sont en train d’écrire l’une des plus belles pages de leur histoire. Après un frotti-frotta avec la planche de Tanja Frieden, Dominique Maltais, rendant sûrement hommage à la seconde balle de Benoit Paire, vient s’encastrer dans le filet qui borde la piste, assurant à la FCL, les deux places les plus convoitées de la finale.

Jacobellis, à deux bosses près

Ralentie par cet incident, la Suissesse a laissé le champ libre à Lindsey Jacobellis, qui n’a plus qu’à se laisser glisser jusqu’au bas de la piste pour aller choper l’or. C’est alors que les commentateurs de France 3, connus pour leur justesse en termes de pronostics, entrent en scène pour annoncer la couleur :

« Elle va se voir couronner d’or dans quelques instants et va peut-être nous gratifier de ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir des grabs en freestyle  »

Bon, pour une fois, ils n’avaient qu’à moitié tort. L’Américaine a en effet décidé de se faire plaisir sur cette fin de course et enchaîne les « grabs », une figure qui consiste à tenir sa planche après un saut et qui, normalement, est à la portée d’un athlète de haut niveau. Une sorte de créneau pour Lewis Hamilton. Le premier passe crème, le deuxième est aussi parfaitement maîtrisé. On se dit que c’est peut-être suffisant non ? Pas pour « Lucky », qui en tente un dernier pour la route à deux bosses de la fin. Et bien ce sera celui de trop. Une mauvaise réception plus tard, Tanja Frieden vient lui carotter la médaille d’or sous son nez alors que la Suissesse était 30 mètres derrière l’Américaine pendant les trois quarts de la course. Mais sa chute n’a d’égale que sa justification :

« Ce n’est pas le genre de saut que l’on fait pour le style, j’essayais juste de gagner en stabilité.  »

On ne va pas se mentir, même si on a joué à SSX, on n’est pas les plus calés d’un point de vue technique, mais on n’arrive tout de même pas à capter la logique sur ce coup-là.

« Lucky », vraiment ?

Après cette finale à oublier pour l’américaine, on pouvait logiquement penser que les occasions ne manqueraient pas, à seulement 20 ans, pour aller chercher une médaille d’or dans le futur au vu de son talent. Mais Jacobellis a réussi l’exploit de se saborder à chaque rendez-vous olympique avec le plus grand des panaches.

À Vancouver en 2010, alors qu’elle a toujours le statut de grande favorite, elle est disqualifiée pour avoir heurté une porte en demi-finale. En 2014, rebelote alors qu’elle mène largement la course, elle perd l’équilibre et voit toutes les concurrentes lui passer devant. En manque d’inspiration à Pyeongchang en 2018, elle décide seulement de sécuriser la 4e place en finale pour s’assurer de ne pas encombrer son armoire à trophée avec une médaille d’or.

Un parcours sans faute, qui lui vaut bien toute la reconnaissance et l’admiration de notre Fédération !

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